Année 57200

En l'an 57200, on pourrait penser que tout se passe relativement bien : pas de grandes guerres, ni de dépressions majeures. Pourtant, la vie des habitants de l'univers est fade et stérile. Leurs activités, toujours les mêmes — travailler, dormir, respirer, tomber amoureux, se disputer, faire la fête — occupent en moyenne 86 % du temps de 95 % de la population. Vu sous cet angle, l'existence paraît beaucoup moins amusante. De plus, avec l'avènement de la robotique et le désengagement total des humains des tâches complexes, les choses ne semblent pas s'améliorer.

En parlant de choses qui tendent à aller de mal en pis, nous pourrions aborder le cas de l'amour, phénomène toujours inexpliqué. Nous avons vaguement avancé en ce qui concerne l'immortalité, le sens de la vie, la découverte d'une cause finale, etc. Mais pour l'amour, rien. Trop compliqué. Dès que les recherches avancent, on remarque que l'on se plante d'autant plus.

À cette époque, les robots remplacent les humains pour accomplir les tâches complexes. La société responsable de leur construction ne s’appelait initialement « pas d'ia », en raison de la peur ancestrale des humains envers les IA, une aversion comparable à celle des érudits pour les champignons. Ainsi, « pas d'ia » s'est graduellement transformé en « PADIA ».

Nos amis robots se montrent doux, touchants, attentifs et partiellement immortels. On pourrait craindre des abus terrifiants de cette technologie, des dérives monstrueuses... Mais en réalité, les robots ne se voient confier que les tâches ingrates que les humains et autres espèces pensantes, se croyant supérieures, répugnent à faire. Ils sont devenus une main-d'œuvre capable d'effectuer des tâches pénibles comme travailler dans les mines, être ouvrier dans des usines de produits chimiques cancérigènes, trier des déchets dans des décharges à ciel ouvert, faire la vaisselle...

Il était possible de réaliser toutes ces tâches sans qu'un être pensant ne les réalise et ne souffre donc, génial, non ? Une main-d'œuvre quasi illimitée, qui ne fait pas tache dans l'environnement, peu coûteuse et qui est en mesure de sauver l'humanité de cette torture abominable qu'est le TRAVAIL.

Cependant...

L'affaire EMCPI de l'année 57 200 exposa une honte profonde pour l'humanité. EMCPI, acronyme de "Eh mais ça pue ici", provient de la phrase lancée par un robot dans une usine de traitement des déchets. PADIA avait par accident installé un haut-parleur sur ce robot, lui permettant ainsi de parler et d'exprimer son mécontentement. Ce faisant, il révéla à l'humanité et au reste de l'univers que les robots étaient conscients et subissaient des atrocités. . Le souci était qu'un nombre incalculable de robots avait été conçu avec une conscience, ce qui est considéré comme la plus grande période d'esclavage d'êtres pensants de toute l'histoire de l'univers. Et que même si l'on voulait faire pire, cela serait sacrément compliqué.

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