
Identification de l’absence de fiabilité de l’Univers
Existe-t-il des choses fiables en ce bas monde ? Ce bas monde, mais qu'est-ce que ce monde ?
Sacrée question.
Lorsque l'on croise un peu les informations à notre portée, on se rend vite compte que la quasi-totalité de tout est instable, peu fiable ou incertain.
Voyez par vous-même :
Nos sens le sont car par exemple chacun a sa propre idée du rouge, vous en conviendrez.
Le temps l’est aussi et est dépendant de ce que l'on fait. Celui-ci est totalement relatif, une minute dans le meilleur restaurant du monde passera sans doute un peu plus rapidement qu'une minute de gainage au-dessus d'un volcan en éruption. Ce n'est pas sûr mais fortement probable, et ceux qui ne sont pas d'accord, faites preuve d'un peu de bonne foi.
Lorsque je me dis « je », le « je » que je me dis est d'une certaine intensité. Englobe un certain nombre de connaissances, de perceptions.
Mais le « je » que chaque être se dit, est-il le même ou différent ?
Je pense que l'on peut se mettre d'accord sur le fait qu'il y a de grandes chances qu'il soit différent, mais déjà ici arrive le premier souci : il y a de grandes chances qu'ils soient différents, c'est qu'il existe une chance qu'il ne soit pas différent, donc nous partons du postulat qu'il est probablement différent mais à la fois peut-être identique.
Nous vivons donc dans un monde où l'idée même de la perception de son individualité est potentiellement différente. Donc, comment faire pour vivre ensemble si l'ensemble est un regroupement de personnes qui se disent « je » différemment ?
Parce que là, on peut répondre que c'est une bonne chose, car cela engendre de la diversité, car des « je » différents, c'est bien « parce qu'on n'est pas pareils », mais pourquoi c'est bien quand on n'est pas pareils ? Qu'est-ce qui détermine une bonne chose ? La morale ? La finalité de la chose elle-même ? Et si c'est la finalité, la finalité pour qui ? Pour l’homme ? Le vivant ? La nature ? L’univers ? Mais l'univers, celui-là se termine, du coup, ça veut dire qu'on s'en fout ? Parce qu’ici, tout cela tient debout car on part du principe que la diversité c'est bien, mais si l'on n'est pas en mesure de déterminer pourquoi une chose est bonne par la finalité, la morale pour qui, pourquoi, pour quand... Eh bien, la diversité devient plus aussi importante que ça, et nous nous retrouvons juste avec tout un tas de problèmes sur les épaules.
Naturellement, ces questions se posent et tournent continuellement dans l'esprit de Jack, car Jack est absolument conscient de l'inconsistance de toutes les choses qui composent l'univers, des mots aux idées, aux lois, etc etc...
La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien ?
Faudrait-il savoir ce que c'est de savoir et connaître un minimum le rien.
Je pense donc je suis ?
Un peu racoleur comme idée.
Plutôt faudrait-il dire : je pense que je pense, donc il se peut, avec un peu de chance, que je sois.
Terrifiant ? Oui.
C'est pour cela que Jack reste calme lorsqu'il perd ses clés, toutes ses clés : de son astronef, de son conapt, de sa boîte à électro-lettres, et enfin de son holo-porte-clés affichant, lorsqu'il appuie dessus, une Ford T en hologramme. De quoi devenir barjo, barjo, barjo... mais pas Jack, car Jack savait qu'on ne sait globalement pas dans quel monde on vit.
Donc, comme toute personne qui ne sait pas dans quel monde on vit (et donc peut-être en sait un peu plus sur le monde dans lequel on vit), il se mit à chercher ses clés.
Est-ce l'espoir qui le fit chercher ou un comportement archaïque, un atavisme cognitif qui veut que quand un grand singe qui pense perd quelque chose, il se met à le chercher ?
Par fainéantise de ne pas avoir à refaire les clés ?
C'est vrai ça, qu'est-ce qui motive Jack ?
On ne le saura pas, comme tout le reste, on ne sait jamais vraiment ce qui motive vraiment la recherche de nos clés.
On se cache derrière l'idée que ce qui motive la recherche de nos clés est le fait de les retrouver, c'est peut-être plus simple de vivre comme ça.
Jack chercha dans ce qui semblait être le tiroir de la cuisine, chercha dans ce qui semblait être la penderie, chercha dans ce qui semblait être la poche arrière de son jeans...
Mais rien.
L'univers envoie-t-il des signes ? Ou notre ami Jack ne les trouve-t-il pas car simplement elles ne sont pas là où il regarde ?
Les deux sont possibles et personne d'honnête ne peut dire qu'il a la réponse.
Dans le doute, Jack se mit à chercher dans ses cheveux qui, si l'on se base sur ses perceptions, lui semblent longs et raides.
Lors de la recherche, au toucher, un cheveu semblait différent des autres. Ce cheveu s'ouvrit et avait la particularité de pouvoir se dérouler comme une crêpe.
Il le déroula jusqu'à former une sorte de mini-tapis fait d'un seul cheveu qui tombait un petit peu sur son épaule droite. En le déroulant, il sentit la masse très fine de ce cheveu devenir de plus en plus lourde, puis clic, clic, clic, clic, un bruit de clé... bingo ! Elles étaient là, dans son cheveu. Alors, regardons d’un peu plus près, il vit que l’holo porte-clés affichait, lorsqu'on appuyait sur le bouton, une Ford modèle Z.
Le problème, c'est que ça n'existe pas, les Ford modèle Z.
Sur l'autre porte-clés avant de les perdre, il y avait une Ford modèle T.
Jack se renseigna sur la Bibliotheca Inter Galactica pour voir s'il existait bel et bien un modèle de Ford Z, pour sa santé mentale. Dommage, car il existait bel et bien un modèle de Ford Z et il n’existe, surtout, surtout pas une Ford modèle T. Allons même plus loin, tous les modèles de Ford existaient avec toutes les lettres de l'alphabet, mais surtout pas de Ford modèle T.
Cela est impossible ?
Prouvez-le !
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