Pourquoi ne faut-il pas s’alarmer si l’on trouve un trou de verre dans son tiroir à chaussettes

« Il ne faut pas s’irriter contre les choses, car elles s’en soucient fort peu. »
— Marc Aurèle, Pensées pour moi-même

Note liminaire

Note pour les plus fous d’entre nous : si cela ne vous alarme pas, ne vous alarmez pas.
Cessez de lire cette histoire et continuez de mener votre existence.
Ces informations sont destinées uniquement aux personnes potentiellement alarmées par la présence d’un tel phénomène dans leur mobilier. Nous essayons simplement de les aider.

Préambule

Un trou de verre — à ne pas confondre avec un ananas — est une anomalie cosmologique par laquelle deux régions de l’espace-temps se trouvent reliées, comme si l’univers s’était pris à son propre jeu de couture.

Pour le profane, cela ressemble à un simple vide circulaire permettant de relier deux points de l’espace, même s’ils sont éloignés.

C’est un raccourci intersidéral.

Première raison pour laquelle il ne faut pas s'alarmer


Si vous vous alarmez, le trou de verre ne disparaîtra pas pour autant.
De ce fait, cette stratégie ne semble pas la bonne.

Deuxième raison

Vos chaussettes sont-elles toujours là ?
Oui ? Parfait.
Passez votre chemin.

Troisième raison

Elles ne sont plus là ? Était-ce vraiment une belle paire ?
Non ? Ce n’est pas plus mal dans ce cas.

Quatrième raison

Elles ne sont plus là et ces paires étaient belles :

Faites le deuil de celles-ci. Il vous est désormais impossible, ou du moins hautement difficile, de les récupérer, car elles risquent d’être disséminées dans une lointaine région de l’univers. Probablement dans le vide, le vide étant notoirement impropice à la vie, gelant bien souvent instantanément toute chose.

(Idée assez paradoxale car, à l’origine, une chaussette est faite pour protéger du froid, mais pas du froid intersidéral. Si vous comptez faire une petite sortie dans l’espace, je vous conseille de vous concentrer plutôt sur le modèle de votre scaphandre que sur la taille, la couleur ou l’épaisseur de vos chaussettes. Bien que vous puissiez les mettre par-dessus les bottes de votre scaphandre, ce qui peut, en fonction des goûts, engendrer du désir chez les potentiels autres astronautes vous accompagnant.
Ce texte n’est en aucun cas un manuel de drague pour astronautes, donc revenons-en à nos moutons.)

Donc : entreprendre de retrouver vos chaussettes est sans doute dangereux.
Elles étaient belles, certes, mais vous survivrez.

Je dirais même plus : vous survivrez plus longtemps sur Terre sans chaussettes que dans l’espace avec une, deux ou même trois paires de chaussettes, les unes sur les autres à vos pieds.
(Sans scaphandre.)

La récupération : théorie et absurdités

La précédente explication sous-entendait que, si nous le voulions, nous pourrions « aller les récupérer ».
Car oui, « sans doute dangereux » ne veut pas dire impossible. Cela reste quelque peu audacieux, et voici pourquoi :

Un tiroir à chaussettes est bien souvent petit.
Petit par rapport à quoi ? À un être humain.

Si le trou de verre au fond du tiroir, donc de la même taille que le fond du tiroir, est inférieur à la taille d’un être humain, il risque d’être délicat d’aller les chercher.
Sauf si l’on envoie un mini vaisseau spatial télécommandé, ayant la capacité de rattraper les chaussettes là où elles se sont perdues.

Si « là où elles se sont perdues » est une étoile, le mini vaisseau spatial risque d’être détruit instantanément dès son passage, car on ignore le lieu d’arrivée de l’autre côté.
Si le lieu d’arrivée est le vide, les chaussettes se trouveront donc dans le vide.

Il faudrait donc pouvoir télécommander ce mini vaisseau.
Mais les ondes radio, Wi-Fi ou je ne sais quelle autre onde passent-elles à travers un trou de verre ?
J’ai peur que non.
Ou du moins, la transmission risque d’être instable.

« On n’a qu’à mettre un fil ? »
— Un peu de sérieux, s’il vous plaît.

Résignation nécessaire

La solution ici est de se résigner au fait que vous avez perdu quelques paires de chaussettes.
Aussi belles soient-elles.

Ce n’est, théoriquement (cela peut varier selon les individus), pas bien grave.
Parfois il faut le lire pour s’en rappeler.
C’est chose faite. De rien.

Cas extrême

Dans le cas de figure où le trou de verre aspirerait la planète — ou une partie de celle-ci — rendant notre astre impropre à la vie, la notion même de « s’alarmer » disparaît.
Car personne ne serait là pour s’alarmer de quoi que ce soit.

Même de quelque chose de très alarmant comme :

  • Les panta-courts

  • Les champignons,

  • Le fait que l’humanité tolère l’existence d’aires d’autoroute qui, jusqu’à preuve du contraire, demeurent les lieux les plus horribles jamais construits par l’homme.

Podcast

Je lis à votre place si vous voulez